samedi 17 mai 2014

The Rover : David Michôd en interview pour le site The LA Times



David Michôd a accordé une interview au site latimes.com. Il y aborde les conditions de tournage, le choix des acteurs et la qualité de leurs performances et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il ne tarit pas d'éloges sur Rob.

Traduction :
L'état d'anxiété des réalisateurs sur un tournage n'est pas une nouveauté, mais David Michôd, dont "The Rover" va faire ses débuts au Festival du Cannes ce samedi, avait une préoccupation qui sortait vraiment de l'ordinaire : "J'étais inquiet" dit-il, "que les acteurs puissent mourir".

Premier long métrage de Michôd depuis le formidable "Animal Kingdom" en 2010, "The Rover" met en vedette Guy Pearce et Robert Pattinson et a été tourné dans le bush en Australie du Sud, où les températures durant la période la plus chaude de l'année sont littéralement inhumaines.


"Nous avons fait un repérage technique la semaine avant le début du tournage et on avait une impression de de danger, la température était de 50 degrés Celsius, soit 122 degrés Fahrenheit" se souvient le réalisateur installé bien au frais dans le bar d'un hôtel chic.


"On ne pouvait pas travailler par cette chaleur, si vous restiez dehors plus de 20 minutes, vous pouviez commencer à mourir... Les producteurs [et moi-même] ont eu une courte conversation à ce sujet, ça a été rapide parce que nous ne voulions pas envisager cette possibilité. Heureusement, la température pendant les prises de vue descendait à 40 à 45 degrés Celsius [104-113 Fahrenheit] qui se trouve être acceptable pour l'organisme".


Inexplicablement casé dans la section des séances de minuit du Festival plutôt qu'en compétition, "The Rover" est une oeuvre cinématographique des plus impressionnantes, intense et implacable, qui refroidit le sang ainsi que l'âme.

Le film offre non seulement des performances à vous tourner la tête avec Pearce dans le rôle d'un homme farouchement déterminé à retrouver sa voiture qui lui a été volée et Pattinson dans celui d'un homme qu'il traine dans son sillage, mais il se déroule dans un monde complètement terrifiant. L'action se situe 10 ans après un effondrement économique mondial sans nom et cette région de l'Australie est devenue une société de désolation, vide de tout espoir, que Michôd et son équipe ont superbement créée.


"Je ne voulais pas faire un film post-apocalypse où vous êtes face à une catastrophe tellement imprévisible qu'il ne vous reste plus qu'à vous asseoir et à profiter de votre pop-corn" a expliqué le réalisateur. "Et je ne voulais pas d'un monde réduit à l'anarchie totale, je voulais une sorte d'infrastructure, comme dans un pays du tiers monde riche en ressources, où les intérêts financiers sont protégés et tout un chacun est livré à lui même. Je voulais un monde qui pourrait approcher à grands pas, quelque chose d'intense et de menaçant en raison de sa plausibilité tangible".


Le réalisateur et scénariste Michod et son co-auteur Joel Edgerton ont eu l'idée de "The Rover" en 2007. "Nous avons rédigé les grandes lignes et j'ai écrit un premier jet quand nous étions à Los Angeles, totalement désoeuvrés et ne sachant pas pourquoi nous étions là".


"Nous avons commencé avec rien d'autre qu'un homme et une voiture dans le désert. Je commence toujours par quelque chose de générique et mon objectif ensuite c'est de faire en sorte que cela le soit moins, de le rendre insolite, détaillé, précis. S'il y a des références et des pierres de touche, j'essaie de les mettre de côté et faire quelque chose qui n'a pas été vu auparavant".


Le succès en
2010 de "Animal Kingdom", qui a débuté au festival de Sundance et s'est concrétisé à la cérémonie des Oscars (où Jackie Weaver a été nommée dans la catégorie meilleure actrice dans un second rôle), a été à la fois inattendu et un tournant dans la carrière pour le réalisateur de 41 ans.

"Je suis allé à Sundance sans avoir aucune idée de la façon dont allait être perçu le film, j'avais totalement perdu toute perspective" se souvient Michôd. "J'y suis allé en me préparant au pire".


A la place est venue l'euphorie du succès et avec elle "soudainement tout un monde de possibilités s'est ouvert à moi. J'ai décidé de me laisser ouvert à l'idée que mon prochain film pourrait venir de n'importe où".


"J'ai donc passé - ou perdu - deux ans à lire les scripts des autres. Mais j'aime élaborer les films à partir de la base et j'avais du mal à me faire à l'idée de tourner des films qui étaient déjà à moitié faits. Je voulais faire quelque chose qui me soit propre, à mes propres conditions". 

C'est ce qui a conduit Michôd  à revenir à "The Rover" et le personnage terrifiant d'Eric, joué par Pearce, "un homme aigri, mû par une colère meurtrière, qui essaye de traquer les personnes qui ont volé sa voiture. C'est un gars dans la quarantaine, assez vieux pour se souvenir la vie avant l'effondrement, mais assez jeune et énergique pour être dangereux. Sa personnalité se révèle lentement à vous, il a eu une vie affective complexe qui l'a meurtri". 

Pearce était une des vedettes d'Animal Kingdom et Michôd a écrit ce rôle spécialement pour lui, mais le réalisateur a dû encore se battre pour l'avoir, pour lutter contre l'idée que "pour faire presque n'importe quel film vous avez besoin d'un des huit gars les plus courus au monde". 

"Guy est un être adorable, chaleureux et charmant, mais il a quelque chose de caché et de mystérieux en tant qu'acteur et c'est un maître pour ce qui est de saisir les choses les plus minimes et d'y apporter simplement des détails" a déclaré Michôd. "C'est un professionnel, il est vraiment bon quand il s'empare du rôle, et il est également bien quand ça s'arrête, il n'a pas besoin de rester dans le personnage lorsque l'on ne tourne pas".

La férocité à peine contrôlée de Pearce en tant qu'Eric est exceptionnelle, mais pas autant que la révélation du travail fait par Pattinson méconnaissable en Rey, un être blessé et confus qui est le complice à moitié réticent de l'homme plus âgé. 

"Je l'ai rencontré à Los Angeles alors que je donnais les 400 000 entretiens que je devais faire après Animal Kingdom" dit Michod. "J'ai appris à ne pas rejeter les acteurs sur la base d'idées préconçues et il en était un parfait exemple". 

"Je comprends comment les jeunes acteurs peuvent se retrouver en mauvaise posture s'ils n'ont pas de porte de sortie et je savais que si je pouvais faire le film et Robert y jouer ce personnage, tout le monde verrait l'étendue de son talent et je ne pense pas qu'il ait jamais pu le démontrer auparavant". 

"Les performances de Robert et de Guy sont tellement extraordinaires, je veux qu'ils remportent quelque chose" a conclu le réalisateur, une raison supplémentaire qui rend l'exclusion de "The Rover" de la compétition cannoise vraiment regrettable.

traduction RPFrance - info via RP Life 

Effectivement, plus que regrettable cette non sélection en compétition officielle.

1 commentaire:

Lilas a dit…

Merci pour la traduction. Article très intéressant.
Oui c'est vraiment dommage et injuste qu'il ne soit pas en compétition.